Jusqu'en
1828, seuls les cols périphériques et intérieurs du massif
sont visités pour les échanges entre vallées. Parmi ceux-là,
le col du Clôt des Cavales
qui rallie les vallées de la Romanche et du Vénéon, les cols
de la Temple, du Sélé ou encore des Écrins pour passer de
la Vallouise à la vallée du Vénéon. Bien que partout dans
les Alpes les grands sommets soient en passe d'être conquis
(nous sommes dans l'âge d'or de l'alpinisme), le Dauphiné
reste vierge de toute visite.
Mais
en cette année 1828, le
capitaine Durand atteindra le sommet du Pelvoux
dans le cadre d'une mission de relevé topographique pour les
cartes d'état-major. Ce n'est que 46 ans plus tard, en 1864,
que le célèbre Edouard Whymper
(vainqueur du Cervin l'année suivante) foule le point culminant
du massif, la Barre des Écrins 4102 mètres. Puis tout s'accélère.
L'équipe Brevoort (miss),
Coolidge, Almer
s'octroie en 1870 le Pic Central de la Meije (ou Doigt de
Dieu) et l'Ailefroide Occidentale, un grand sommet du massif.
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En
1873, la Grande Ruine,
le Râteau et la
Calotte des Agneaux sont à leur tour gravis par cette
fameuse équipe. Mais c'est en 1877 que le massif des Écrins
rentre dans l'histoire, grâce à Emmanuel Boileau de Castelnau,
Pierre Gaspard et son fils qui les premiers atteignent le
sommet du Grand Pic de la Meije. Alors considéré comme un
Mont Inaccessible, ce sommet repoussa plus de 25 tentatives
des meilleurs alpinistes du moment. Cette-année là, beaucoup
d'autres sommets allaient tomber (Olan, Sirac, Pic Sans Nom,
Pic Coolidge). Dès lors, le massif connaît une fréquentation
qui ne cesse d'augmenter et les années futures verront grâce
au Club Alpin Français,
l'édification de refuges et de chemins d'accès. Les grands
sommets vaincus, les alpinistes se tournent vers les grandes
parois. En 1882, c'est la face sud-est des Écrins qui est
gravie, une des plus hautes du massif ; les couloirs de glace
ne sont pas délaissés avec en 1893 le couloir Nord du Coup
de Sabre, puis en 1898 le couloir Gravelotte, ce qui constitue
pour l'époque de véritables performances. Les belles réalisations,
tel que le Mayer-Dibona en face Nord-Ouest du Dôme de Neige
des Écrins, vont se poursuivre jusqu'à la première guerre
mondiale.
L'entre-deux-guerres est marqué par l'ascension de presque
toutes les faces Nord du massif : C'est l'époque des Devies,
Gervasutti, Fourastier, Vernet, Madier et bien d'autres qui
vont participer à la découverte de ce massif. Parmi les réalisations
majeures de cette époque, on peut citer la face Nord-Ouest
de l'Ailefroide Occidentale, une voie directe en face sud-est
de la Barre des Écrins ou encore la face Nord du Râteau, aujourd'hui
encore rarement reprise. Vient ensuite en toute logique, et
ceci dès la fin de la seconde guerre mondiale, l'ouverture
de lignes de plus en plus directes dans l'énorme réservoir
de possibilités qu'offre le massif ; c'est aussi l'avènement
des hivernales où les techniques d'ascensions sont parfois
himalayennes. Aujourd'hui encore de nombreux itinéraires restent
à découvrir dans ce magnifique labyrinthe et s'y perdre est
un jeu d'enfant.
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