Aujourd'hui dans les années 2000, la cascade de glace est devenue une discipline à part entière, et l'évolution de ce sport, tant au niveau de la technique atteinte, qu'au niveau du nombre grandissant des participants, ne peut se comprendre qu'à partir d'une connaissance globale de l'histoire même de la glace, durant les quarante dernières années (voir historique Alpinisme et historique Cascade). Les années 70 furent certainement les années " détonateur " de la pratique de cascade de glace. Les grimpeurs de cette époque étaient généralement des alpinistes chevronnés qui, soit pour faire évoluer leur technique, soit par passion pour le geste se sont mis à pratiquer régulièrement la cascade de glace l'hiver en vallée. Paradoxalement, les grimpeurs de cascades des années 90 et 2000 sont souvent au départ des grimpeurs de

falaise voire de structure artificielle. Ils pratiquent la cascade de glace rapidement à un bon niveau et souvent dans le but de devenir des alpinistes chevronnés.
La cascade de glace devient pour beaucoup un moyen transitoire pour accéder à la montagne avec un bagage technique suffisant.

Si l'alpinisme hivernal demande un vécu important et nécessite d'avoir des connaissances et une condition physique hors du commun, la cascade de glace en revanche, demande beaucoup moins d'investissement tant au niveau physique et moral qu'au niveau disponibilité.
Les marches d'approche sont courtes, les descentes généralement peu problématiques et l'engagement est rarement important. Il en résulte un engouement grandissant régulièrement d'années en années.
Certains franchissent le pas vers l'alpinisme, d'autres se spécialisent particulièrement dans cette pratique.

Les Hautes-Alpes sont sans conteste le lieu le plus approprié à cette activité. On trouve plus de 10 sites dont chacun n'a rien à envier aux autres dans un rayon de 50 km. Cependant j'ai un faible pour une vallée en particulier.
La vallée de Freissinières me fait penser à une histoire pour enfants. Ici, tout est surdimensionné. Le versant sud est beau et calme comme une photo de Samivel. Le versant nord est blafard et austère comme un film de Fritz Lang.

Cette vallée de Freissinières est pour moi un passage incontournable pour un grimpeur de cascades de glaces et on y trouve des itinéraires de toutes difficultés. Elle a été le témoin de mes joies et de mes réussites les plus belles mais aussi de mes tourments et de mes échecs les plus cinglants. Les journées d'Hôpital après une chute de 25 mêtres sur de la glace trop fragile m'ont fait pas mal réfléchir à cette activité particulière et m'ont fait admettre mes erreurs. En hiver, le fond de cette vallée semble figé, immobile, comme hors du temps et il nous est difficile d'imaginer que ce spectacle est le quotidien des habitants du petit village de Dormillouse que l'on ne peut atteindre qu'à pied même en été . C'est ici que j'ai découvert la pratique de l'escalade en cascades de glace en 1978 avec des stars de l'escalade rocheuse de l'époque (Hugues Jaillet, Stéphane Troussier, Bernard Gorgeon, Jean-Marc Troussier). L'image que me renvoie l'escalade sur glace ici n'est pas une image essentiellement sportive mais plutôt une sensation de vivre des grands moments d'Alpinisme.