LE MILIEU HUMAIN ET LA REGLEMENTATION :
Le
canyonisme est une activité au carrefour de différentes
activités humaines. Le simple fait de pratiquer importe
à un certain nombre de personnes, qui généralement
vivent à proximité du canyon ou dans une unité
territoriale proche. Règles de courtoisie ou savoir-vivre,
respect des biens comme des personnes, cela n'a pas toujours
été le cas dans le passé. Il est curieux
(et désagréable) de constater que des pratiquants
se comportent avec les autres comme ils n'aimeraient pas que
l'on se comporte avec eux : cris, attitudes provocantes ou
dédaigneuses, non-respect des personnes rencontrées,
dégradation de clôtures, investissement de lieux
privés, abandon de déchets, etc
La liste
est celle des méfaits de l'être humain : inépuisable.
Face à ces problèmes les municipalités
concernées ont parfois édicté des règles
: pour stationner, pour se déplacer, pour respecter.
Arrêtés municipaux, consignes, balisages, panneautages
ont donc fait leur apparition. Encore heureux, parfois il
s'agit d'une interdiction pure et simple de l'activité
!
S'informer des règles du jeu local avant de pratiquer
est donc particulièrement important, il conditionne
la légalité de votre pratique, l'économie
locale et la survie de l'activité.
LE
MILIEU ASSOCIATIF :
3 fédérations se partagent la majorité
des clubs de pratiquants de canyonisme :
La FFME, Fédération
Française de la Montagne et l'Escalade (délégataire
de l'activité).
La FFS, Fédération
Française de Spéléologie.
La Fédération
des Clubs Alpins Français.
Toutes
ces fédérations possèdent leur commission
canyon et sont actives. Leurs représentants locaux
peuvent vous renseigner utilement : conditions des canyons,
nouvelles réglementations, renseignements divers.
Ces fédérations organisent également
des formations (diplômantes ou pas). Ces formations
s'adressent aussi bien à ceux qui font leurs premiers
pas en canyon qu'aux pratiquants confirmés qui désirent
une formation leur permettant de passer un diplôme de
moniteur bénévole. Nous ne saurions trop vous
encourager de vous former au contact de gens d'expérience
: en terrain d'aventure longue vie et plaisir ne riment pas
avec improvisation et bricolage.
LE
MILIEU PROFESSIONNEL :
Faire
appel à un professionnel est un gage de sécurité
optimal. De plus il vous fournit généralement
tout l'équipement nécessaire. Vous arrivez en
famille en vacances, pas la peine de charger un peu plus la
voiture. De plus sa connaissance des parcours vous permet
une découverte progressive à la fois dans l'intérêt
comme dans l'acquisition des gestes techniques qui améliorent
votre plaisir. Refusez donc les quelques vendeurs de soupe
qui vous font courir dans les canyons et vous descendent comme
un sac de patates au bout de leur corde ! Demandez à
ce qu'il vous apprenne à gérer dès que
possible et progressivement votre autonomie. Si vous vous
adressez à un bureau des guides, qui est souvent une
petite structure où le contact humain est plus amical,
demandez si c'est possible à rencontrer auparavant
votre guide, il vous informera sur le déroulement de
votre ou vos sorties.
LA
COTATION DES CANYONS
LE
SYSTEME DE COTATION
La cotation en canyon est de plus en plus une nécessité.
-
A quoi peut s'attendre un pratiquant qui va descendre
un canyon nouveau pour lui ?
- Ce canyon est-il
à son niveau de pratique et quels éléments
peuvent le situer par rapport aux difficultés des canyons
déjà descendus ?
- Un professionnel
ou tout responsable qui va emmener un groupe en canyon peut-il
ignorer ses caractéristiques, notamment sa difficulté
?
Parmi
les topos édités depuis les années 80,
une bonne partie possèdent un système de cotation.
Il s'agit souvent d'une cotation relativement sommaire (par
exemple l'attribution de croix ou d'étoiles : plus
il y a de croix, plus c'est difficile) et qui a l'avantage
d'être simple. Par contre, il s'agit la plus part du
temps d'une attribution globale reposant sur une impression
générale de la course, donc particulièrement
exposée aux impressions subjectives et aux fluctuations
des conditions dans lesquelles se déroule la descente
(variations du niveau d'eau, de l'équipement en place,
etc.).
Quelques
auteurs se sont penchés sur une manière plus
analytique de coter les canyons, afin de supprimer les problèmes
de fluctuations, ont déterminé des critères
de cotation stables, et ont défini dans quelles conditions
la cotation s'appliquait, afin que chaque lecteur de topo
ait la même référence.
Le
pas le plus significatif vers l'adoption d'une cotation a
été fait lors du 1er Rassemblement National
Canyon organisé par le Comité Régional
Provence de la Fédération Française de
la Montagne et de l'Escalade en mai 1996 à La Palud
sur Verdon, où ont été réunis
différents systèmes de cotation existants. Ces
systèmes, très similaires d'ailleurs, ont facilement
été mêlés pour obtenir une cotation
consensuelle.
Ce système de cotation a déjà été
utilisé en France pour des besoins juridiques et pour
l'étude nationale sur "l'offre des parcours de
canyoning en France". Ayant été encore
amélioré pour affiner sa fiabilité, Il
a été adopté par le Syndicat National
des Guides et l'U.I.A.G.M.
Il vous est présenté ici dans sa version la
plus récente et la plus affinée.
1) Les critères de
base de la cotation
a)
Les conditions d'application de la cotation
·
La cotation vaut pour la période de conditions normales
de pratique (affluence du public et débit d'étiage
du cours d'eau concerné).
Il est évident que toute augmentation de débit
peut faire évoluer la cotation vers le haut, qu'un
canyon côté "facile" peut devenir "très
difficile".
·
La cotation ne tient pas compte de la qualité de l'équipement
en place, celui ci variant dans le temps.
·
La cotation concerne l'ensemble du parcours, mais ne constitue
en aucun cas une moyenne. Un passage, même court, possédant
les critères correspondants, suffit à coter
le canyon dans une difficulté supérieure (puisque
de toute façon le pratiquant devra obligatoirement
aborder ce passage).
ENGAGEMENT
: La notion d'engagement n'influe pas sur la cotation
technique définie ci dessus, mais s'y rajoute.
b) Les critères techniques de cotation :
La
cotation s'appuie sur trois critères mesurables ou
identifiables :
1)
LES RAPPELS : leur hauteur, leur difficulté
d'accès, difficulté de descente, difficulté
à la réception.
2)
LES DIFFICULTES AQUATIQUES
: longueur des biefs, présence de phénomènes
d'eau vive, température de l'eau, hauteur des sauts
et leurs difficultés.
3)
LE TERRAIN VARIE :
difficulté d'escalade, de déplacement.
2) Le système de cotation :
·
Il reprend l'échelle classique de l'U.I.A.A
:
Niveau 1 : F Facile
Niveau 2 : P.D Peu
Difficile
Niveau 3 : A.D Assez
Difficile
Niveau 4 : D Difficile
Niveau 5 : T.D Très
Difficile
Niveau 6 : E.D Extrêmement
Difficile
Cette
échelle n'est pas fermée vers le haut.
·
Il précise, par la présence des lettres :
a
Présence de difficulté aquatique.
b Présence de
difficulté en rappels et manuvres de corde.
c Présence de
difficulté en escalade.
·
Il s'y ajoute la notion d'engagement :
I
Pas engagé
II Peu engagé
III Engagé
IV Très engagé
EXEMPLES
EN FIN DE CHAPITRE
3
) Les grilles de cotation :
Grille
de difficulté (celle ci s'entend en conditions
normales de basses eaux) :
DIFFICULTE
|
RAPPELS
b
|
AQUATIQUE
a
|
ESCALADE
c
|
1
|
|
marche
les pieds dans l'eau immersion et nage de courte durée
en eau calme. Sauts inférieurs à 3m
|
passages
d'escalade facile usage des mains non nécessaire
corde inutile
|
2
|
rappels
inférieurs à 15m, sans problèmes
d'accès, de descente ou de réception
|
nage
de plus de 10m en longueur, en eau calme
sauts inférieurs à 5m, sans difficulté
d'appel ou de réception
|
passages
d'escalade où il faut obligatoirement faire
usage des mains
|
3
|
rappels
inférieurs à 30m petites difficultés
d'accès, léger pendule, fil d'araignée,
réception en vasque avec nage, petits problèmes
d'équilibre et de pose des pieds en cascade
|
nage
de plus de 50m en eau calme
sauts inférieurs à 8m
sauts inférieurs à 3m avec difficultés
d'appel ou de réception
|
passages
d'escalade cotés en 3
utilisation de la parade ou de la corde
|
4
|
rappel
supérieur à 30m difficultés d'accès,
main courante à installer fractionnement, pendules
délicats, problèmes d'équilibre
et de pose des pieds en cascade, goulotte ou glissière
force de la chute d'eau
|
succession
de biefs longs entraînant une perte calorique
importante
sauts inférieurs à 12m
sauts inférieurs à 8m avec difficulté
d'appel ou de réception
courant dans les parties étroites
|
passages
d'escalade cotés en 4
|
5
|
utilisation
de toutes les techniques de corde appropriées
(préventives, secours)
|
Présence
de phénomènes ponctuels d'eau vive (tourbillons,
rappels d'eau, drossages, etc). Eau froide (canyons
d'altitude)
Sauts à partir de 12m
|
Passages
d'escalade cotés en 5
Passages exposés obligatoires (ex : au-dessus
de goulottes)
|
6
|
Utilisation
de techniques de cordes de pointe, faisant largement
appel à une haute expérience et à
une grande précision d'exécution
|
Présence
quasi permanente d'eau vive
|
Passages
d'escalade cotés 6
|
Grille
d'engagement :
I
|
Echappatoires
présentes sur toutes les portions du parcours
|
II
|
Portion
de moins d'1/4h sans possibilité de se mettre
hors crue. Parcours à partir d'1/4h de progression
sans échappatoire
|
III
|
Portion
de plus d'1/4h de progression sans possibilité
de se mettre hors crue. Parcours à partir d'1h
de progression sans échappatoire
|
IV
|
Portion
de plus d'1/2h de progression sans possibilité
de se mettre hors crue. Parcours à partir de
2h de progression sans échappatoire
|
4
) Comment coter un canyon
?
Utiliser
les grilles de difficulté et d'engagement.
a)
La difficulté :
Chercher
dans chacune des 3 colonnes (rappels, aquatique, escalade)
les 3 cases où se situe le canyon.
La
cotation générale correspond à la difficulté
maximum atteinte par au moins 1 des 3 cases (1 ou 2 ou 3 ou
4 ou 5 ou 6).
La
précision s'obtient en mentionnant par les 3 lettres
a, b ou c la ou les colonnes justifiant cette difficulté.
b)
L'engagement :
Chercher
parmi les caractéristiques des 4 niveaux d'engagement
celui qui se rapproche le plus de celles du canyon (I, II,
III ou IV).
COTATION DE CANYONS DANS LES
HAUTES ALPES
TORRENT
DU COULEAU 1ac I
CANYON DU FOURNEL 2ac I
TORRENT DU BEAL NOIR 2bc I
CANYON DE TRAMOUILLON 3c II
TORRENT DE QUEYRIERES 2b II
TORRENT DE LA VALETTE 3b II
TORRENT DE LA PISSE 3b II
TORRENT DES ACLES 2abc II
TORRENT DE L'EYCHAUDA 3abc
I
GORGE DE LA BIAYSSE 4a III
TORRENT DE PRA REBOUL 4ab
II
TORRENT DE CHICHIN 5ab II
TORRENT DES OULES 5ab III
|